Loso, deux chanteuses birmanes en plein essor |
Il y a dix-huit mois, la Birmanie était une prison à ciel ouvert. Depuis, la chape de plomb qui écrasait le pays s'est envolée. La junte a été dissoute et le général Thein Sein, bien qu'élu de manière irrégulière en 2010, a décidé de renoncer au pouvoir absolu.
A l'aube d'une liberté retrouvée, les artistes ont pris possession des réseaux sociaux pour diffuser leur musique, trop longtemps censurée.
Des jeunes en quête d'Occident
Dans une société ultra-conservatrice, le groupe Me N MA Girls fait figure d'ovni musical. Look occidental, déhanché un brin provocateur, la bande de filles fait clairement jaser du côté du Myanmar. Leur titre electro "You are a liar" est qualitativement mauvais, mais au-delà de la soupe dance que nous servent ces jeunes femmes, on se rend compte qu'une frange de la population est prête à bousculer les codes et à se rapprocher de la K-Pop avec pour l'instant, une inexpérience et un balbutiement de mise.
Les jeunes du pays affichent désormais leur préférence pour des groupes de rock et de rap encore mal vus il y a quelques années. Désormais, le pays met en avant les nouvelles mouvances musicales grâce au web. Myanmarcelebrity.com met en lumière des groupes de rock en retransmettant des concerts de rue évènementiels à Yangon.
Les jeunes artistes investissent les réseaux sociaux et Youtube pour se faire connaître. Side Effect, grâce à son exposition numérique, est le premier groupe birman à avoir eu la chance de pouvoir se produire à l'étranger (Festival Hello ASEAN à Bali). Déjà en 2009, certains groupes tentaient de percer et de tenir tête au régime dictatorial. Parmi les plus grandes réussites des quatre dernières années, on peut mentionner Wine Su Khine, jeune birmane qui s'inspire des musiques japonaises d'Ayumi Hamasaki.
La seconde jeunesse de la musique traditionnelle
Le pays aux 49 millions d'âmes reste profondément attaché à ses racines musicales. Pour la petite anecdote, une véritable musique birmane n'est pas composée ni écrite : apprendre par coeur et jouer à l'oreille sont les deux méthodes ancestrales reconnues.
Parmi les instruments utilisés, l'harpe birmane tient une place de choix dans l'imagerie musicale traditionnelle. Yadana, une jeune harpiste de Myanmar, fait le tour du Monde pour promouvoir les instruments locaux. On la retrouve dans la vidéo suivante aux États-Unis.
Sur la vidéo suivante, on se laisse facilement transporter avec Pat Waiting, un orchestre traditionnel birman. 45 000 personnes l'ont visionnée sur Youtube, un joli succès pour une musique très marginale.
Après plus de 50 ans de dictature, le Myanmar sort enfin des ténèbres. Grâce à Internet, son patrimoine culturel est désormais reconnu aux quatre coins du globe. Si l'adage "Musique et liberté ne font qu'un" devait porter le nom d'un pays, ce serait bel et bien celui de la Birmanie.
En savoir + sur le sujet :
Geo Magazine, n°405 :
"Birmanie, voyage dans un pays qui sort de la nuit"
Grégory CORDERO