Bonjour Jérémy, tu émets depuis 2010 avec la radio Stud FM dans le Vaucluse. Est-ce que c'est plus difficile de monter sa radio FM en 2012 qu'il y a 20 ans ?
Ça dépend, l’avantage dans les années 80 ou 90, c'est que la bande FM n'était pas encore saturée. On pouvait développer son activité plus facilement. Maintenant, les autorisations définitives se font rares auprès du CSA , donc il y a moins de nouvelles radios qui arrivent a créer des emplois et à obtenir plus de fréquences.
Qu'est ce que le numérique a changé pour le paysage FM ? C'est un atout ou un fardeau ?
Cela dépend de quel côté on se place. Techniquement, c'est beaucoup plus simple aujourd'hui. Si on regarde ce qui se faisait il y a encore 20 ans, la présence d’une personne dans le studio était obligatoire car les logiciels d’automations n’était encore pas d’actualité. A chaque fin de musique, une personne était en charge de lancer le jingle et d'enchaîner avec la musique d'après. C'était l'époque des cd et même des k7. Avec la numérisation, le son s'est vraiment amélioré et devenir programmateur de radios est beaucoup plus simple. Il existe désormais des logiciels qui permettent de créer des playlists très pointues, en amont, des jours en avance. Humainement, Internet agit comme une épée de Damoclès pour nos emplois. Si on garde l'exemple d'un programmateur radio pur et dur, il n'a plus lieu d'être aujourd'hui. La numérisation nous a appris à devenir polyvalent, et cette polyvalence a pu faire perdre quelques emplois.
"Vivre de la radio, pourquoi pas, mais avec une fréquence définitive !"
Floriane, Vincent, Grégory et Jean Luc, des bénévoles dans le studio de StudFM |
Vivre de la radio, c'est utopique, réalisable ou compliqué ?
Réalisable et compliqué a la fois. Nous ne sommes qu'une radio temporaire. C'est à dire que nous avons l'autorisation d'émettre 9 mois sur 12. Difficile dans ces conditions de fidéliser des auditeurs.
Alors après, nous pourrions créer un salaire grâce à quatre leviers : réaliser des partenariats privés, fournir des prestations sonores, demander une subvention aux collectivités locales (car nous sommes une association loi 1901) ou développer notre publicité. Mais ceci demande beaucoup de travail. Pour l'heure, je préfère rester indépendant des collectivités locales pour garder mon indépendance. Pour l'instant, nos animateurs sont tous des bénévoles. Pour résumer, vivre de la radio oui à l'avenir, mais en ayant une fréquence définitive.
Qu'entendez-vous par fréquence définitive ?
C'est la possibilité d'émettre toute l'année, d'augmenter sa puissance d'émission et de partir serein pour au moins 5 ans renouvelable. A ce moment là, il y aurait possibilité de développer davantage. La radio FM reste un média incontournable malgré l'arrivée d'Internet. Au contraire, ça peut être complémentaire.
Comme pour tous les autres médias traditionnels, il faut s'adapter et ne pas voir ça comme une menace. La radio reste un média important. Même si on peut trouver de la musique partout quand on le souhaite, on apprécie toujours que quelqu'un puisse faire la sélection à votre place. Notre radio est disponible sur les réseaux sociaux et notre site internet. Nous comptons 6000 amis sur Facebook et ça nous permet de faire de la promotion pour nos émissions. On peut donc nous écouter 24h/24. Stud Fm à la base, est d'ailleurs un projet de webradio. J'ai choisi de faire le chemin inverse comme un webzine aurait pu le faire en devenant magazine. C'est un défi risqué mais passionnant.
Quelle est la recette pour relever ce défi risqué ?
La persévérance, la passion et s'adapter constamment.
Merci à Jérémy pour cette interview numérique.